Sicile, juillet 1943

La 1re Division d’infanterie canadienne et la 1re Brigade blindée canadienne furent choisies pour participer à l’Opération « Husky », l’invasion de la Sicile, lorsque le gouvernement canadien chercha un rôle pour l’armée canadienne sur le théâtre méditerranéen. Après un entraînement intensif en Écosse et un rééquipement avec les meilleurs armes et véhicules disponibles, la Division partit directement vers les plages du débarquement près de Pachino sur la côte ouest de l’île.

La campagne de Sicile fut la première pour l’armée canadienne et elle est généralement considérée comme une grande réussite. Menée par le général Guy Simonds, qui allait devenir le général canadien le plus connu depuis Arthur Currie, les Canadiens avaient comme tâche ingrate d’attaquer une armée en retraite bien organisée. Chaque morceau de terrain, des petites collines aux hauteurs des montagnes, était occupé et tenu par des troupes allemandes et italiennes jusqu’à ce que la pression alliée soit trop forte ou que les horaires forcent un retrait.

Au début de la campagne, le 10 juillet 1943, la Sicile était défendue par la 6eArmée italienne qui comptait plus de 200 000 hommes et qui était soutenue par deux divisions allemandes. Le débarquement sur les plages « Sugar » et « Roger » a été fait presque sans résistance. Le premier contact avec les Allemands eut lieu à Grammichele, une ville du 17e siècle en forme d’hexagone construite sur une longue crête. Les canons allemands de 88 mm accueillirent le Three Rivers Tank Regiment et une féroce bataille éclata. Les Allemands se replièrent lorsque le Hastings and Prince Edward Regiment, surnommé les «Hasty Pees», convergèrent sur la ville avec les chars d’assaut et le support de l’artillerie.

Lors de cette campagne, les «Hasty Pees» ont accompli un des exploits les plus spectaculaires de la campagne. Avec leurs carabines et leurs mitrailleuses légères Bren, ils gravirent la montagne menant à Assoro en file indienne avec la lune comme seul éclairage. Après une montée de 40 minutes sur des sentiers de chèvres, les hommes s’installèrent aux bords de la ville et infligèrent de sérieux dommages aux Allemands lors des contre-attaques. Par la suite, les Canadiens s’emparèrent de Leonforte après une nuit de dur combat de maison en maison. Les combats à Agira, où les Canadiens subirent leurs plus grandes pertes de cette campagne (438 morts), furent encore plus difficiles. La prise de la ville ne put être accomplie qu’avec l’arrivée du Loyal Edmonton Regiment et du Seaforth Highlanders qui escaladèrent les sommets surplombant la ville.

La campagne sicilienne fut une contribution importante à l’effort de guerre allié. Mussolini fut renversé au début de cette campagne, ce qui constituait un des objectifs majeurs de cette offensive. Les débarquements en Sicile jouèrent un rôle important dans la décision d’Hitler de mettre un terme à ces opérations offensives en Russie. L’opération «Husky» fut une victoire stratégique de grande importance. En Sicile, les troupes canadiennes ont été à la hauteur de la réputation qu’elles avaient acquise lors de la Première Guerre mondiale. Elles se battirent avec habileté et détermination.

Ce texte est une adaptation d’articles de l’historien Terry Copp publiés dans le livre No Price Too High (McGraw-Hill Ryerson Ltd) et le magazine Légion


Kelly Anne Campbell de l’Université Carleton a participé au voyage d’études de la Sicile et de l’Italie en 2004 :

« Nous avons continué à traverser la Sicile en suivant la route empruntée par les Canadiens. Le paysage était magnifique. De grandes collines et des rochers étaient recouverts par un superbe tapis de verdures. Je ne peux vous dire à quel point j’étais heureuse de faire ce chemin en voiture. Les hommes qui avaient marché ici devaient certainement marcher comme des zombies vers la fin de leur expédition. Je me souviens du colonel Galloway qui disait que les hommes étaient complètement recouverts de poussière blanche et qu’on aurait dit qu’ils s’étaient roulés dans la craie. Je peux le croire : ces hommes ont fait preuve d’un courage, d’une endurance et d’une détermination exceptionnels. »


Ortona, décembre 1943

La bataille pour la ville d’Ortona, un petit port sur la côte adriatique italienne, n’était qu’une petite partie de l’offensive alliée qui devait leur permettre de sécuriser l’autoroute est-ouest dans le centre du pays et de déborder la ligne défensive allemande au sud de Rome. Il s’agit d’une des batailles canadiennes les mieux connues de la Seconde Guerre mondiale : une bataille au cours de laquelle des compagnies d’infanterie disposant seulement de la moitié de leur effectif surent s’adapter et innover. Tout l’attirail du soldat d’infanterie fut employé pour faire face à un ennemi bien préparé. Les projectiles anti-char ne pouvaient pas pénétrer les murs alors on visait les fenêtres pour les faire ricocher à l’intérieur des édifices infligeant ainsi d’effroyables dommages.

Pour les Canadiens, les combats débutèrent à la rivière Moro dans la nuit du 5 au 6 décembre 1943 lorsque des éléments de trois bataillons traversèrent la rivière. La météo et le terrain étaient de véritables obstacles avec une pluie qui transformait des rivières en torrents et la terre en boue épaisse et gluante. Bien que les contre-attaques ennemies aient forcé un repli, le Hastings and Prince Edward Regiment dont les hommes avaient été recrutés dans l’est de l’Ontario furent en mesure de rétablir une tête de pont. Le 8 décembre, le Royal Canadian Regiment lança une nouvelle attaque à partir de cette tête de pont et avec le 48th Highlanders of Canada, ils reprirent le contrôle du champ de bataille.

Les Canadiens se sont battus maison par maison pour Ortona, une ville qui avait été surnommé “petit Stalingrad” par le journaliste radio Matthew Halton. Les soldats employèrent la technique du «mouse-holing» — faisant exploser les murs et lançant des grenades pour nettoyer les escaliers et les étages supérieurs. C’est à Ortona que les Canadiens développèrent les techniques de combats de rue.

Ortona fut une victoire pour toutes les troupes canadiennes – et tous les Canadiens. Des hommes ordinaires, se portant volontaire et laissant leur vie civile parce que l’on avait besoin d’eux avaient réussi à former des petites unités cohésives et de solides régiments qui se sont battus avec habilité et détermination. Le capitaine Paul Triquet du Royal 22e Régiment reçut la Croix de Victoria pour ses actions à Casa Berardi, une petite ville surplombant Ortona.

Ce texte est une adaptation des articles de Terry Copp publiés dans le magazine Légion (www.legionmagazine.com)


Voici ce qu’écrit Christian Wakelam de Queen’s University suite à sa visite à Ortona en 2003.

« Mon grand-père a servi sur le théâtre italien lors de la Deuxième Guerre mondiale. Il était dans le deuxième peloton du First Field Company Royal Canadian Engineers. Il a été blessé en Sicile et de nouveau à Ortona. La veille de Noël, il fut atteint par un tir de mortier qui lui déchira le coté droit de l’abdomen. Ces camarades l’ont retrouvé le lendemain et il eut la chance de survivre. Malheureusement, il est décédé l’année dernière, le jour de Noël. Grâce à la Fondation canadienne des champs de bataille, je serai le premier membre de ma famille à retourner à l’endroit où mon grand-père fut grièvement blessé. »


La ligne Gothique août 1944

Après la chute de Rome en juin 1944, les Allemands se replièrent derrière les Apennins afin de former une nouvelle ligne défensive, la ligne Gothique (la Linea Gotica sur la carte à gauche). Les Apennins sont une chaîne de montagnes qui traversent l’Italie de La Spezia à l’Ouest jusqu’à Pesaro sur l’Adriatique. L’opération « Olive », l’offensive de la 8eArmée sur la Ligne Gothique, fut lancée le 24 août 1944 et mis en scène des dizaines de milliers d’homme.

Les premiers jours de septembre furent des moments de fierté pour le 1er Corps d’Armée canadien. Les hommes ont ignoré la fatigue et la chaleur, enduré la poussière blanche qui recouvrait le terrain « comme de la neige poudreuse » sur trois ou quatre pouces d’épaisseurs. Il était impossible de voir les chars d’assaut en mouvement puisqu’il était enveloppé par des nuages de poussières de craies, les hommes aussi étaient couverts de cette substance. Malgré cette poussière étouffante, la soif et le danger, les soldats canadiens gardèrent le moral.

Menés par le major-général Bert Hoffmeister, les Canadiens avaient réussi, dès l’après-midi du 1er septembre, a percé la Ligne Gothique sur un front d’un mile. Mais l’espoir d’une percée majeure ne dura pas longtemps lorsque l’offensive alliée fut ralentit par l’arrivée des réserves allemandes qui établirent une nouvelle ligne défensive. Une pluie continue immobilisa les chars d’assaut et limita l’apport du soutien aérien. L’artillerie et les mortiers contrôlèrent le champ de bataille. Et les deux forces avaient suffisamment de puissance de feu pour assurer d’importantes pertes à son adversaire. Les soldats et civils allaient devoir subir un autre hiver de misère.

L’offensive sur la Ligne Gothique força les Allemands à garder 23 divisions de combats en Italie pendant que les Alliés consolidaient leur tête de pont en Normandie.  C’était la stratégie à la base de la campagne d’Italie. Les soldats qui servirent en Italie ont contribué de façon significative à la défaite du Troisième Reich.

Ce texte est une adaptation d’articles de l’historien Terry Copp publiés dans le livre No Price Too High (McGraw-Hill Ryerson Ltd) et le magazine Légion