Après cinq semaines de combats intenses et d’importantes pertes, les forces alliées étaient encore confinées dans l’antichambre de la Normandie. L’accès aux plaines était bloqué par l’artillerie et les blindés allemands.

La force initiale des Alliés s’était multipliée, passant de 176 000 à plus d’un million d’hommes au sein d’une force multinationale (malgré les 122 000 morts ou blessés). Toutes les forces étaient bloquées dans un corridor de 75 kilomètres le long des côtes. La pénétration la plus profonde à l’intérieur des terres était de 40 à 45 kilomètres, mais à plusieurs endroits elle ne dépassait pas 7 ou 8 kilomètres.

Derrière les Alliés se trouvaient la Manche et devant, l’armée allemande. Pris dans cet espace étroit, les forces alliées formaient sans aucun doute le plus grand rassemblement de matériel et d’équipement de l’histoire moderne de la guerre : chars d’assaut, véhicules blindés, essence, armes, munitions, équipements médicaux, nourriture, eau et matériel pour construire des ponts et des pistes d’atterrissage. Et l’approvisionnement arrivait à chaque heure. Les embouteillages étaient la norme.

Le plan d’attaque du général Bernard Montgomery se divisait en deux parties. Les Canadiens et les Britanniques à Caen, sur le côté est, utiliseraient toutes leurs ressources pour neutraliser la force de frappe de sept des neuf divisions Panzer allemandes en Normandie. L’illusion d’une attaque au Pas-de-Calais par le groupe d’armée de Patton neutralisait encore plus de divisions à l’est de la Seine.

Les Américains, sur le côté ouest, pourraient ainsi utiliser leur puissance grandissante pour forcer un passage à l’intérieur de la Normandie en rencontrant une résistance minimale des divisions Panzer. L’expansion des troupes américaines et du matériel était essentielle à la réussite de l’opération. De plus, les troupes françaises et polonaises se préparaient à rejoindre la force d’invasion alliée.

Mais à Jour-J plus 44, le plan de Monty ne semblait pas fonctionner. Après la chute de Cherbourg le 26 juin, les Américains concentrèrent leurs troupes vers le sud.  En pénétrant au cœur du territoire ennemi, ils découvrirent que la nature du terrain était un obstacle aussi important que les troupes allemandes. Le territoire entre le secteur américain au sud de la côte de St-Lô et le territoire que les Américains devaient atteindre pour la réussite de l’opération consistait en de vastes et denses étendues de collines : le bocage normand.

Avec détermination, ingéniosité et au prix d’importantes pertes, les Américains traversèrent progressivement ce territoire hostile et en août ils réussirent, grâce une manœuvre d’encerclement, à remonter vers le nord en direction de Falaise.

Pendant ce temps, les Britanniques et les Canadiens percèrent les défenses des divisions Panzer. Au milieu du mois d’août, les Canadiens et les Polonais atteignirent  Falaise et St-Lambert-sur-Dives où le Major David Currie obtint la croix Victoria. Même si les Américains arrivaient par le sud, les Allemands avaient encore un espace pour battre en retraite. Malgré cela, 25 000 soldats allemands furent capturés ou tués. L’armée allemande était progressivement chassée de France. La bataille de Normandie a coûté la vie à 2500 soldats alliés par jour.

Ce texte est une adaptation du livre Victory at the Falaise écrit pas Denis et Shelagh Whitaker en collaboration avec Terry Copp.


Depuis plus d’une décennie, la Fondation canadienne des champs de bataille a permis d’illustrer ce pan de notre histoire à 12 étudiants universitaires qu’elles financent annuellement pour un voyage d’études de deux semaines en Europe. En compagnie d’historiens canadiens de renom, ils marchent sur les pas des militaires canadiens, revivant les opérations des ces soldats lors des deux guerres mondiales.

John Maker, étudiant en histoire à l’université Wilfrid Laurier raconte :

« Après avoir vu la terre, respiré l’air et senti le soleil de Normandie, j’ai développé un respect encore plus profond et une plus grande compréhension du travail effectué par nos soldats canadiens. Cette connaissance me sera d’une aide importante en tant qu’étudiant en histoire militaire canadienne. La Fondation canadienne des champs de bataille m’a offert une opportunité unique et je les remercie pour cette expérience! »