« Les Canadiens ont obtenu plus de 150 décorations de mérite et de bravoure en Birmanie, notamment une Croix de Victoria. Des quelque 8 000 Canadiens qui ont participé à la campagne de Birmanie, 500 y ont laissé leur vie. » (traduction libre) Robert Farquharson, For Your Tomorrow: Canadians and the Burma Campaign, 1941-1945


Les opérations du B-24 Liberator en Birmanie

Par le Col C.R. Sharpe

Bien que la chasse aux locomotives soit généralement réservée aux chasseurs et aux bombardiers légers, en raison des longues distances à parcourir entre la base et les cibles, les bombardiers Liberator jouent le rôle de chasseurs agiles, descendant presque au ras du sol pour démolir les locomotives, les trains transportant les troupes et les wagons de marchandises osant se montrer à la lueur du jour. Les ponts ferroviaires, les cours de triage et les voies ferrées étaient également des cibles privilégiées (de même que les dépôts de bombes blindés).

De janvier à avril 1945, les équipages des Liberator portent une attention particulière au chemin de fer de 244 milles reliant Bangkok à la Birmanie, qui est le tronçon des lignes de communication japonaises situé dans la jungle. C’est pendant cette période que j’ai effectué la majorité de mes 312 heures de vol en opérations, cherchant à atteindre ces cibles.

Les équipages estiment qu’au moins 8 des 688 ponts et viaducs sont mis hors d’usage chaque jour et que la quantité de marchandises livrées au front japonais passe de 750 à 150 tonnes par jour. De tels bombardements stratégiques aident grandement à précipiter la fin de la guerre en Birmanie et ne sont rendus possibles que par l’entrée en action du Liberator.

Au cours de cette période, 1 672 Canadiens combattent et 176 sont tués, la plupart par des tirs venant du sol.

J’effectue une série d’opérations (312 heures), mais je ne me démarque d’aucune façon, si ce n’est par le fait que je survis, tout comme de nombreux équipages. Chaque Liberator volant à basse altitude est une grosse et lente cible, et nous sommes parfois touchés par des tirs ennemis – certains s’écrasent, d’autres parviennent à revenir à la base. Des histoires plus passionnantes pourraient être racontées sur d’autres personnes et il serait très injuste de ma part d’accorder la priorité à la mienne. J’ajouterais que le commandant d’escadre nous a entendus émettre des commentaires désobligeants à son endroit et s’est assuré que les missions les plus difficiles me seraient confiées, mais que je n’aurais aucune recommandation!

« À 2 h 15, le 8 décembre 1941, heure de Tokyo, 70 minutes avant l’attaque de Pearl Harbor, 26 000 soldats japonais atterrissent sur l’isthme de Kra. Trois mois plus tard, les Japonais occupent Hong Kong, Singapour, la Malaisie, l’Indochine française, les îles de Java et de Sumatra, le Siam et toute la Birmanie. » Il s’agit ici d’un extrait du livre du professeur Robert H. Farquharson, intitulé For Your Tomorrow. Le titre est tiré de l’épitaphe du monument de Kohima :

De retour chez vous,
Parlez de nous, dites que
Pour votre avenir
Nous avons donné notre présent. (Traduction libre)

Tous les équipages des Liberator sont choisis à la 5e unité d’entraînement opérationnel, à Boundary Bay, un peu au sud de Vancouver. L’école ouvre en avril 1944 et je suis le cours inaugural. Je me joins au 159e Escadron de la RAF, à Digri, au Bengale, et j’apprends qu’entre 1944 et 1945, 237 membres d’équipage ont fait partie des effectifs de cet escadron. Les Canadiens sont nombreux dans les équipages du 354e, du 355e, du 357e et du 358e Escadron, ainsi que dans le 99e, le 215e et le 213e Escadron. Puisque tous ces escadrons appartiennent à la RAF, on en parle peu dans l’histoire de l’ARC.

Les deux escadrons de l’ARC sont le 435e et le 436e Escadron de transport, qui reçoivent la plupart des honneurs. J’ai été colonel honoraire du 436e Escadron pendant neuf ans.