Les Canadiens et totalize

Avec notre voyage d’étude qui tire à sa fin, je suis très content d’avoir pu y participer car j’ai appris beaucoup. Ce qui est très intéressant dans ce voyage, c’est la concentration sur l’aspect canadien qui aide à mieux comprendre et nuancer ce qu’on peut lire dans les livres d’histoire. Pour les Opérations Spring, Atlantic et Totalize, par exemple, nous avons longuement discuté de l’apport des Canadiens lors de ces opérations et de ce qui était attendu d’eux par rapport aux forces qu’ils avaient. Plusieurs reprochent aux Canadiens de ne pas avoir été assez entraînés et qu’ils n’ont pas réussi à atteindre leurs objectifs assez rapidement. C’est un point de vue qui ne tient pas solidement la route lorsque l’on se penche sur les statistiques et les effectifs en place. Par exemple, les Canadiens ont eu à se battre dans la région entre Caen et Falaise, où se trouvait la plus grande concentration de chars allemands par kilomètre carré durant toute la guerre. De plus, ceux-ci possédaient deux bataillons de chars Tigres (101e et 102e) dans cette région; les Américains, eux, n’avaient pas à faire face à de tels effectifs blindés ce qui a largement aidé leur avancée. Ce sont des points qui ne sont pas souvent pris en compte lorsque vient le temps de pointer du doigts les divisions canadiennes; oh et les Britanniques avaient, durant Totalize, deux divisions blindées qui étaient pratiquement stationnaires. Par ailleurs, les trois divisions canadiennes ont subi presque autant de pertes (environ 10 000) que les dix divisions britanniques (environ 12 000) pendant toute la campagne de Normandie, ce qui peut faire émerger des questions en ce qui à trait à l’apport des forces britanniques lors de cette campagne. Ce voyage fut très instructif et j’ai hâte de pouvoir faire part de mes nouvelles connaissances aux autres lorsque je serai dans le programme d’éducation en septembre prochain et une fois rendu enseignant.

Alexandre Grondin

Centre Juno Beach

Nous sommes installés au Moulin Morin depuis le 2 juin, et pour la semaine qui suit, nous allons étudier les différents endroits où les Canadiens ont combattus en Normandie (nous allons aussi discuter des autres Alliés dont les Américains, car nous aurons la chance de visiter la plage d’Omaha où j’y ferai une présentation).
Le programme d’aujourd’hui mettait l’emphase sur Juno Beach, la plage où les Canadiens ont débarqué le 6 juin 1944. Pour l’occasion, nous avons visité Arromanches, l’endroit où était installé le fameux Mulberry harbor B qui a permis le débarquement de matériel, de troupes et de véhicules supplémentaires durant l’Opération Neptune. Ensuite, nous sommes allés voir les batteries allemandes à Longes sur Mer. C’était très intéressant de pouvoir entrer dans ces casemates allemandes et d’avoir une idée ce que c’était pour les Allemands d’attendre et de combattre lors du débarquement. Notre itinéraire nous a ensuite conduis au Centre Juno Beach où nous avons eu la chance d’avoir un tour guidé des environs. Notre guide, Madeleine, était très enthousiaste et ça se voyait qu’elle aimait son travail. Malgré la présence quelque peu intimidante de nos guides pour le voyage d’étude, elle a su nous livrer de bonnes informations, et ce, de façon très fluide. Une fois son tour guidé fini, notre groupe a fait la visite de l’exposition permanente du musée, ce qui, pour moi, était des plus hétéroclites. En effet, je m’attendais à avoir une exposition orientée sur l’assaut des Canadiens à Juno Beach mais ce n’était pas le cas. Le musée en était un plus général, et couvrait l’entrée de la guerre du Canada jusqu’à la période de l’après guerre avec la création des Nations Unies. Malgré tout, ce fut une belle journée et j’ai hâte de visiter les plages américaines d’Utah et d’Omaha car ce sont celles que j’ai toujours vues dans mes jeux vidéos.

Alexandre Grondin

Cimetières et monuments commémoratifs

Un aspect formidable du voyage d’étude de la Fondation canadienne des champs de bataille est la visite des cimetières militaires et des monuments commémoratifs.
À chaque emplacement, que ce soit au Cimetière Essex Farm, ou au Cimetière Tyne Cot, par exemple, le sentiment lorsque l’on entre dans leur enceinte reste le même. Toutes ces pierres tombales et le silence qui y règne sont les témoins des événements tragiques qui se sont passés et pour lesquels tous ces hommes ont sacrifié leur vie. Le Cimetière Tyne Cot est très impressionnant de par sa grandeur et le nombre de soldats qui y sont enterrés. Ce cimetière contient presque 12 000 tombes y sont présentes dont environ 8 400 soulignent la mémoire de soldats inconnus. Nous avons tous lu et entendu les nombreuses pertes humaines lors de grandes batailles telles que La Somme ou Ypres mais c’est une toute autre chose de voir physiquement toutes ces pierres tombales représentant un – et parfois plus qu’un – soldat qui est mort en faisant son devoir. C’est, selon moi, la meilleure façon de mettre en perspective toutes ces vies qui ont été enlevées lors de la Grande Guerre.
La Porte de Menin, situé à Ypres, en Belgique, est d’autant plus une présence imposante par ses dimensions, mais surtout à cause du fait des 54 000 noms des soldats qui ont combattu dans le Saillant d’Ypres et dont la tombe est inconnue. Voir tous ces milliers de noms gravés est quelque chose que je n’avais jamais vu auparavant. Les cérémonies qui s’y déroulent périodiquement sont très solennelles et plusieurs centaines de gens sont présents pour assister à cette commémoration où plusieurs gens déposent des couronnes de fleurs en mémoire du sacrifice de ces soldats. J’ai personnellement eu la chance d’y participer en tant que membre du groupe désigné par la Fondation pour y déposer une superbe couronne de fleur et c’était un événement très émouvant et significatif.

Alexandre Grondin

Arnhem; la ville de trop

Arnhem, mardi le 19 mai 2015.
Est-ce trop ambitieux de vouloir se rendre jusqu’à Arnhem ? Pour les forces alliées, ainsi que pour les participants du voyage d’études, il semble qu’Arnhem représente une étape difficile et obligée afin d’entrer en Allemagne.
Vous l’aurez bien compris, la journée d’aujourd’hui était dédiée à l’opération Market-Garden de septembre 1944. Cette opération très ambitieuse est reconnue pour être la plus grande opération aéroportée jamais conduite. L’intention était de capturer tous les ponts entre Anvers et Arnhem pour permettre à une force blindée de pénétrer en Allemagne en contournant la ligne de défense Allemande appelée Siegfried. Malheureusement, les alliés ont été surpris par la présence de la 9e Division SS Panzer dans la région. Les combats pour prendre et tenir une tête de pont suffisamment grande qui aurait permis une percée ont été plus difficiles que prévu. La colonne de chars a aussi été ralentie lors de son opération de rattrapage. Complètement encerclés, plusieurs soldats aéroportés britanniques et polonais se sont échappés, alors que d’autres ont dû se rendre. J’ai été frappé par l’exactitude des faits présentés dans le fameux film A Bridge too Far. Par exemple, la scène finale du film, lorsque les troupes britanniques se rendent aux Allemands, a été tournée devant le véritable restaurant-hôtel Hartenstein.
Aujourd’hui converti en musée, le Hartenstein a servi de poste de commandement et de poste de traitement des blessés pendant l’opération. Le sous-sol du musée a particulièrement intéressé les voyageurs. On y retrouve une reconstitution immersive des différentes phases de l’opération. Du largage des planeurs, aux combats dans les rues d’Arnhem, jusqu’à l’évacuation assistée par des sapeurs canadiens, tous les tableaux sont présentés de manière convaincante, rendant l’expérience enrichissante et ludique.
Ce que cette partie du voyage m’a permis de contextualiser, c’est à quel point l’ambition de Montgomery de finir la guerre avant décembre 1944 a eu un impact sur les opérations du 2e Corps Canadien. L’accessibilité aux ressources stratégiques telles les avions bombardiers, les troupes aéroportées et le support de l’artillerie navale auraient permis aux Canadiens de prendre les ports de Calais, Boulogne et Cap Griz-Nez, ainsi que l’Estuaire de l’Escaut, de manière plus rapide et avec moins de pertes, s’ils n’avaient pas été utilisés pour Market-Garden. J’en conserverai de bonnes leçons sur la sélection et le maintien du but, la concentration d’effort et la prise de risques.
Comme la vie est parfois ironique, nous avons aussi rencontré quelques difficultés à notre arrivée à Arnhem. La vitre arrière d’une de nos camionnettes a été fracassée lors d’une manœuvre de stationnement et un des voyageurs a été la victime d’un pickpocket. À la fin de cette journée forte en émotion, nous avons fait le bilan de nos pertes et consolidé nos gains dans un Pub de la ville. Le plus important c’est que tout le monde soit en santé, que les épreuves nous permettent de solidifier notre cohésion et qu’un bon souper nous permettre de nous détendre et nous remonter le moral.
Tout comme les forces alliées, ce ne sera pas les difficultés rencontrées à Arnhem qui nous empêcheront d’entrer demain en Allemagne.
Sébastien Picard